Qu’allons-nous adopter comme alimentation en 2050 ?

Quelle révolution se prépare dans nos assiettes ? Les gélules vont-elles remplacer le traditionnel steak-frite-salade ? Loin des clichés, l’Inserm dresse les tendances de ces 50 prochaines années pour faire face à une « crise alimentaire » sans précédent…

Selon le rapport annuel de l’Inserm dans son numéro de mars 2020, l’alimentation représente un enjeu crucial pour notre siècle. En effet, d’une part, selon Mathilde Touvier – épidémiologiste et directrice de l’Eren – nos systèmes alimentaires ne sont guère efficaces à l’heure actuelle. Trop sucré, trop salé, trop riche en graisses saturées,… Ces mauvaises habitudes alimentaires sont à la base d’une pandémie d’obésité et de malnutrition. L’ONU parle même de près de 50% de la population qui serait mal nourrie. D’autre part, face au changement climatique, l’impact environnemental de l’alimentation pèse lourd dans la balance. Les raisons sont variées : surconsommation des ressources naturelles, gaspillage de l’eau, déforestation et pollution en tout genre complètent un tableau déjà bien noir.

Nous sommes à l’aube d’une 5e transition alimentaire qui a débuté au début des années 2000 avec un souci de la population de mieux s’alimenter et de préserver l’environnement. Toujours selon notre experte, il faut : «Pour préserver la santé des populations et éviter de renoncer à protéger notre planète ou à nourrir tout le monde, nous n’aurons pas le choix : il nous faudra impérativement changer nos modes de production et nos habitudes alimentaires ». Selon le FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la tendance sera donc d’aller vers une alimentation durable. Certes des changements dans l’assiette se dessinent. Toutefois, ce ne sont pas forcément ceux que l’on attend !

Halte aux clichés : les superaliments ne sont pas l’avenir

Bonne nouvelle ! Les superaliments et gélules ne seront pas le futur de la cuisine. Pourquoi donc ? Car manger est avant tout une affaire de culture, de goûts et de pratiques sociales et doit rester un plaisir. Comme le corps médical le conseille actuellement, il est nécessaire de diversifier son alimentation tout en la gardant équilibrée pour non seulement subvenir à ses besoins, mais aussi diminuer la concentration intégrée de polluants. La pillule « alimentaire » a de quoi nous laisser sur notre faim…aussi bien visuelle que gustative et donc, ce n’est pas demain la veille qu’elle trônera au milieu de notre assiette.

La part belle aux végétaux

Ce n’est pas nouveau, nous ne consommons pas assez de végétaux. A l’avenir, il est toujours recommandé de manger 5 fruits et légumes par jours. Toutefois, on suggère aussi d’incorporer les légumineuses, les céréales et fruits à coque non salés à notre alimentation. Ceux-ci, riches en fibres, favorisent le transit et contrôlent le taux de cholestérol pour prévenir du diabète et des maladies cardiaques. Outre ces bénéfices, certaines études avancent qu’ils seraient aussi bons pour lutter contre l’anxiété et la dépression.

Le boum du « bio » et du « local »

Pour contrer le réchauffement climatique, il serait nécessaire de favoriser une production locale et de saison. Ainsi, cela éviterait notamment les cultures hors saisons en serre et la pollution engendrée par les transports.
En outre, privilégier le bio serait gage de « non-pesticides » et contribuerait indirectement à prendre soin de la planète et de notre corps. Mais est-ce que le 100% bio est vraiment faisable ? Selon une étude de l’Eren, cette hypothèse est possible si deux conditions sont remplies : la première est de limiter le gaspillage alimentaire, 30% de l’alimentation produite; la seconde est de limiter l’usage de produits animaliers afin de diminuer la concurrence entre la production humaine et animale.

La fin des aliments gras et ultra-transformés

Depuis 2016, le gouvernement français a mis en place le nutri-score, un système d’étiquetage nutritionnel à 5 niveaux allant de A à D : la lettre A désignant l’alimentation la plus saine comprenant ,notamment les légumes et yaourt nature, et la lettre D la moins équilibrée, reprenant la « junk food » et les produits transformés majoritairement. Ce système a été repris par d’autres gouvernements dont la Belgique. Dans le futur, les produits notés « D » et « E » seront donc à proscrire car ils auraient des effets négatifs sur notre santé à long terme, notamment en favorisant le risque de cancers, les maladies cardiovasculaires, l’obésité et la mortalité. Les aliments de type « D » et « E », étant les moins bons, seront donc à éviter dans le futur.

Adieu à la viande ? Pas de si tôt…

Surconsommée (plus de 500g par semaine), la viande rouge, telle que le bœuf ou le cheval, favoriserait le diabète et les maladies cardiovasculaires car elle comprend beaucoup de « mauvaises graisses », appelées acide-gras saturés. Celles-ci peuvent engendrer des maladies d’ordre cardiovasculaire. Toutefois, loin de la bannir de notre assiette, on conseille d’adopter un régime flexitarien : essentiellement des protéines végétales avec une consommation de viande une fois par semaine environ. Un monde 100% vegan est donc bien loin.

Les probiotiques revisités

De nouveaux probiotiques pourraient faire leur apparition sur le marché tel que l’Amibiote. Incorporés à des yaourts ou céréales, ils se révèlent excellents pour la santé. Les marques ont notamment joué sur cet effet de mode telle que la marque de yaourt Activia renfermant le Bifidus actif regularis, une sorte de probiotiques.

Cependant, selon Matteo Serino – chercheur à lnserm à l’IRSD de Toulouse – la tendance des produits à base de probiotiques et prébiotiques ne va pas se généraliser. En effet, cela restera réservé aux personnes dont la microbiote a été altérée : chaque individu ayant un microbiote propre.

Les novel foods , une percée contrastée

Les novel foods, ou « nouveaux aliments » dans sa version française, tels que les micro-algues ou insectes, souvent vantés par les médias, semblent être une des tendances fortes à venir.

Riches en protéines, ces derniers ont une valeur proche de celle de la viande. En outre, leur élevage est moins polluant que le traditionnel élevage bovin : selon le FAO – l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – 1kg d’insectes émet 100X moins de gaz à effet de serre qu’1kg de porc. Les algues telles que la spiruline, quant à elles, sont aussi riches en protéines.

Néanmoins, il semble peu probable que cette tendance s’installe dans nos mentalités. Plusieurs raisons peuvent expliquer. Interdits actuellement à la consommation, ils doivent être évalués par l’Efsa – l’Autorité européenne de sécurité des aliments . Nos pratiques culinaires sont loin d’être compatibles avec les asticots et autres verts…même transformés pour le moment.

Quant à la viande in vitro ? Il est encore plus improbable que celle-ci perce dans nos assiettes. En effet, depuis 2013 avec le premier steak créé en laboratoire, la population se méfie des innovations de ce genre. Ils craignent des risques pour leur santé. Elle serait donc même plus rejetée que les insectes, jugés naturels eux !

Décidément, l’assiette de 2050 change peu de celle de 2020. Elle se veut un rien plus verte et équilibrée : plus de végétaux et produits sains pour la santé tout en évitant le gaspillage et la consommation intempestive de viandes et produits transformés. Elle donne presque envie. A voir si dans 30 ans, notre palais , lui aussi, sera de cet avis !