Face au problème récurrent des personnes qui n’honorent pas leur réservation au restaurant, de plus en plus d’établissements demandent une empreinte bancaire en guise de garantie. Exemple à Montpellier.
Cette pratique est de plus en plus fréquente selon des restaurateurs. Le « no show », littéralement « ne pas se montrer » en anglais, consiste à ne pas se présenter à un restaurant dans lequel on a réservé une table, sans l’en informer. Face à l’ampleur du phénomène, de plus en plus de restaurants à Montpellier, dans l’Hérault, demandent une empreinte bancaire au moment de la réservation permettant de ponctionner d’une vingtaine d’euros à ceux qui posent un lapin.
Des tables bloquées pour rien
Le « no show » est synonyme de perte de chiffre d’affaires pour les commerçants, qui bloquent parfois des tables pour rien. « Ces dernières années, on a eu des gens qui réservaient dans notre établissement, mais aussi dans trois ou quatre autres du même genre, et qui choisissent le soir même où ils vont manger », déplore Guillaume Weil, restaurateur à Montpellier, qui a mis en place le système d’empreinte bancaire.
« Les clients doivent entrer leurs coordonnées bancaires lorsqu’ils réservent en ligne. On utilise pour ça un site qui s’appelle Zenchef et qui nous indique si la personne a déjà fait un ‘no show’ dans d’autres établissements utilisateurs. »
Si on ne peut pas se présenter à un rendez-vous, la moindre des choses, c’est d’appeler pour annuler.
Claude Gaubert, UFC Que choisir
Claude Gaubert précise qu’il existe des cas d’exception. « Si quelqu’un est malade et prévient une demi-heure en avance, là évidemment on ne le débitera pas. On a aussi des personnes qui ne sont absolument pas familières d’internet, là aussi on peut alors faire des dérogations. »
Des données sensibles
Si le restaurateur affirme que ce dispositif rentre petit à petit dans la norme, il est conscient que certains puissent être réticents en raison du nombre important de fraudes à la carte bancaire qui existe en ligne. « Je trouve ça incroyable, confie un passant. Je pense que ça laisse des informations au restaurateur qu’il ne devrait pas avoir. Ça me met mal à l’aise. »
En tout cas, face à l’ampleur du phénomène, le dispositif en tente plus d’un. « Je pense qu’ils ont raison de la faire », soutient Sébastien Perrier, restaurateur, qui a déjà pris l’habitude de systématiquement appeler les clients qui ont réservé pour leur demander de confirmer leur venue. « Quand on achète des produits frais, de qualité et qu’on prépare tôt le matin, on trouve ça ahurissant d’avoir des gens qui ne prennent pas la peine d’appeler pour s’excuser. Chaque semaine, on peut perdre entre 10 et 15 couverts à cause de ça, à raison d’une cinquantaine d’euros chacun. Il y a aussi de la nourriture qui se perd parfois. »
Les gens ne prennent même pas le temps d’appeler, c’est une perte d’argent et un manque de respect total pour les restaurateurs.
César, serveur dans la restauration
Des conditions claires
Si demander une empreinte bancaire n’est pas illégal, Claude Gaubert, de l’UFC Que choisir de Montpellier, rappelle toutefois que les restaurateurs doivent être clairs sur les risques auxquels s’exposent les clients qui réservent. « Le consommateur doit être clairement informé et cela doit être inscrit dans les conditions générales de vente. Sinon, c’est la porte ouverte à un certain nombre de dérives. Il faut préciser le montant débité, la marge pour annuler, etc. »
La pratique du « no show » est loin de concerner seulement les restaurateurs. Selon Claude Gaubert, de nombreux médecins se plaignent également du phénomène.