Curry, cannelle, piment, poivre, vanille… Nous avons à disposition une panoplie d’épices pour apporter à nos petits plats un supplément de saveur. Elles peuvent relever, sublimer une recette, comme la dénaturer en cas de surdosage. Cependant, à part avec le piment et quelques autres exceptions, vous n’aurez que rarement de mauvaises surprises. Alors, osez les épices !
Voici quelques astuces pour apprendre à les doser dans votre cuisine.
Goûtez vos épices avant ajout
Faites connaissance avec vos épices en prenant d’abord le temps de les sentir, de cerner leurs parfums. N’hésitez pas aussi à les goûter du bout des doigts. Ecoutez ensuite votre instinct, mais aussi votre raison ! Dosez-les de manière progressive si vous n’êtes pas sûr : il vaut mieux assaisonner vos plats avec parcimonie au départ, puis goûter, et rajouter des épices si nécessaire. La mesure parfaite est très personnelle, même si vous pouvez avoir des suggestions sur les recettes que vous suivez. C’est surtout avec la pratique que vous deviendrez à l’aise.
Trop ou pas assez ?
Suivant la puissance aromatique des aliments composant un plat, la dose d’épice va plus ou moins rapidement influer sur la saveur. Pour une même recette, varier les doses est intéressant. Un sous-dosage n’est pas un problème. Il est toujours plus simple d’ajouter des épices que d’en retirer.
En cas de surdosage, le goût des aliments est saturé. Au lieu de révéler les saveurs, on vient les écraser. Le plat peut-être difficilement consommable à cause d’un excès de piquant. La sensation de brûlure – qui n’est pas une vraie brûlure, rassurez-vous – liée à la capsaïcine du piment peut être atténuée par du lait, du yaourt, et non de l’eau, car la capsaïcine est liposoluble (= soluble dans les graisses). Le raifort et la moutarde sont deux autres épices au goût piquant lié à d’autres substances (l’allyl isothiocyanate et la sinigrine). Ce piquant disparaît vite après chaque bouchée ou en buvant de l’eau. Dans une préparation, on atténuera la puissance avec un produit crémeux, en sucrant ou encore en ajoutant de l’eau.
Une autre astuce évidente pour rattraper un plat en cas d’excès d’épices : le rallonger en ajoutant des légumes, un féculent, une sauce tomate…
Des mélanges pratiques
Si vous êtes débutant, vous pouvez opter pour les mélanges. Le curry Madras, le mélange paëlla, le mélange ras-el-hanout, le mélange colombo, le mélange garam masala, les épices pour tandoori, le mélange pour pâtes ou pour riz, etc…Avec des épices douces et des épices plus fortes judicieusement assemblées pour un véritable équilibre des saveurs, ces mélanges comportent moins de risques de surdosage et vont transformer vos plats les plus simples : un plat de légumes, une volaille, un poisson, des féculents… Comptez de 2 cuillères à café jusqu’à 2 cuillères à soupe d’un de ces mélanges d’épices pour un plat destiné pour 4 personnes, à incorporer en début de cuisson. Goûtez pour ajuster vos proportions. Faites attention aux mélanges comportant des piments forts, comme le curry Madras fort dont une des épices est le piment de Cayenne, ou le mélange Tandoori pouvant comporter aussi un piment fort. Lisez la composition, goûtez, et allez-y déjà par pincées.
Spécificités de certaines épices
Le safran est une épice rare qu’il convient de consommer toujours en petite quantité. Une pincée de pistils de safran suffit pour aromatiser votre plat, et apporter une jolie couleur dorée. Ce qui est important est de l’utiliser de la bonne façon : le safran doit infuser dans un liquide avant d’être incorporé dans la préparation. C’est pendant ce moment d’infusion, dans un bouillon, du thé, du vin, une crème, qu’il libérera tous ses arômes.
Stigmates de safran bio
La vanille en gousse est une épice précieuse qui recèle beaucoup d’arômes. Une fois grattée, la gousse peut être infusée à plusieurs reprises pour être intégrée à vos préparations. Pour retrouver d’autres conseils sur l’utilisation de la vanille en cuisine, c’est par ici.
Gousses de vanille bio
Les piments : l’échelle de Scoville est une échelle de mesure servant à déterminer la force des piments, selon la contenance en capsaïcine, la substance qui donne la sensation de piquant. Elle porte le nom de son créateur, le pharmacologue Wilbur Scoville, et a été inventée en 1912. Concrètement, cette échelle va montrer le niveau de dissolution nécessaire à l’élimination de la sensation de brûlure. Si un piment est mesuré à 2500 unités sur l’échelle de Scoville, cela signifie qu’il faut diluer 2500 fois avant que son piquant disparaisse. Ce classement en fonction de la force de chaque piment vous orientera sur la quantité à ajouter dans votre cuisine.
Le « piment langue d’oiseau » et le piment de Cayenne sont des piments à la saveur brûlante et piquante, en position 8 sur l’échelle de Scoville allant de 0 à 10. Autant dire qu’il convient d’avoir la main très légère avec ces piments si l’on n’y est pas habitué. Vous pouvez incorporer un piment langue d’oiseau entier, sans l’ouvrir, dans une préparation et le retirer quelques minutes après afin d’aromatiser le plat tout en apportant un piquant léger. Une autre manière de le consommer est de faire macérer 6 à 8 piments d’oiseau, pendant une quinzaine de jours, dans 50 cl d’huile d’olive. Utilisez votre huile parfumée pour les débuts de cuisson : faire revenir des légumes, de la viande, ou pour agrémenter votre pizza chaude. Le piment de Cayenne, proposé en poudre chez Cook, est à utiliser par petites pincées, de manière très progressive en fonction de la tolérance et des goûts personnels.
Différents types de piments
Les poivres, piquants et aromatiques, seront plus forts mais aussi plus gouteux quand ajoutés en fin de cuisson, et moulus fraîchement, pour préserver et ainsi profiter aux mieux de leurs parfums. La quantité est à adopter selon les palais. Pour faciliter le service, moudre parfaitement et éviter le surdosage, utilisez notre moulin à épices.
Ici, du poivre noir, blanc et des baies roses.
La noix de muscade est une épice puissante, chaude, même si elle est juste très légèrement piquante. On l’utilise avec parcimonie, moulue fraîchement, en la frottant contre une petite râpe à épices ou à l’aide d’un moulin prévu à cet effet. Le plus souvent, l’équivalent d’une pincée de cette épice suffira pour aromatiser votre plat. Le macis est le tégument de la noix de muscade et il en porte le goût. Ou on dit même que son parfum est plus raffiné que celui de la noix. Concassez la fleur séchée de macis et ajoutez de petits morceaux dans vos préparations.
Le clou de girofle a un goût âcre et piquant. On aime ses notes boisées, poivrées et chaudes. 2 ou 3 clous dans un plat (ragoût, plat mijoté… ) pour 4 à 6 personnes suffisent pour donner du goût. Piquez-les dans un oignon, une pièce de viande et n’oubliez pas de les retirer avant le service.
girofle encore sur pied
Le gingembre aura son goût piquant et aromatique préservé si on prend soin de ne pas le chauffer ou très peu : suivant vos goûts, il sera ajouté en début ou fin de cuisson voire directement sur le plat, à l’assiette, en fonction des palais.
Les graines de fenugrec et de moutarde jaune sont également des épices potentiellement piquantes, qu’il convient de doser avec précaution.
graines de fenugrec
La fève de Tonka est une épice que l’on va râper comme la noix de muscade, en fin de cuisson ou sur un plat prêt à servir. On peut également la faire infuser dans un liquide. Évaluez par vous-même la quantité à mettre sur vos plats en sachant que son goût est intense mais reste doux.
fèves de tonka
Le cumin est une épice qui a une certaine puissance, sans piquant, tout comme le curcuma, le paprika, les graines de fenouil… A forte dose, c’est leur amertume qui peut être gênante. La quantité sera à apprécier selon les goûts de chacun.
Pour apprendre à mieux doser les épices, inspirez-vous de nos nombreuses recettes et fiez-vous à votre instinct, car chaque conseil de dosage doit toujours s’adapter à vos goûts personnels, à vos habitudes culinaires et aussi à celles de vos convives !